Les feuilles de figuier sont elles toxiques

Les feuilles de figuier sont elles toxiques ?

Les feuilles de figuier sont elles toxiques !? C’est LA question que tout le monde se pose car on voit partout que les feuilles de figuier sont comestibles, mais on entend aussi beaucoup d’alertes sur le fait que les feuilles de figuier sont toxiques. Qu’en est-il vraiment ? Peut-on consommer les feuilles de figuier ? Quelles précautions doit-on prendre ? On te dit tout ici !

Les feuilles de figuier sont elles toxiques
Les feuilles de figuier sont elles toxiques ?

Le figuier est-il un arbre dangereux ?

Oui. Le figuier a beau être un arbre généreux, c’est aussi un arbre dangereux !
Nul besoin de développer son caractère gourmand : entre figues et arômes crémeux des feuilles, le figuier sait séduire les gastronomes.

Par contre, pour ce qui est du danger, on est là pour en parler !

Le figuier commun (Ficus carica) appartient au grand genre des Ficus, qui regroupe plus de 800 espèces. Toutes partagent un point commun : elles sécrètent un latex blanc, une « sève » épaisse qui s’écoule lorsque la plante est attaquée.

Ce latex est un concentré de molécules bioactives qui agit comme un moyen de défense redoutable contre les nuisibles. Cette arme biochimique dissuade en effet les insectes, champignons et animaux herbivores qui aimeraient s’y attaquer, et aide la plante à cicatriser et à reconstruire ses tissus.

Ceux qui ont déjà fricoté avec un figuier en plein été le savent bien … Quelques gouttes de sève de figuier sur la peau, un rayon de soleil, et l’affaire est pliée : brûlures, cloques et démangeaisons intenses.

Il ne s’agit pas là d' »allergie au figuier », mais du résultat d’une attaque des molécules toxiques du figuier qui visent à nous tenir à distance


Qu’est-ce qu’une molécule toxique ?

Le mot toxique fait souvent peur. Il évoque les poisons, les produits chimiques, les crânes sur fond noir. Et pourtant, dans le monde du vivant, la toxicité est toute relative.

Une molécule dite toxique n’est pas forcément mauvaise : elle devient nocive lorsqu’elle dépasse la capacité du corps à la métaboliser, à la neutraliser ou à l’éliminer.
Certaines molécules bénéfiques pour notre corps se révèlent en effet toxiques en cas d’excès. Par exemple :

  • La vitamine A, essentielle à la vision, devient dangereuse pour le foie lorsqu’on en consomme trop.
  • Le fer, indispensable à l’oxygénation du sang, est hautement oxydant s’il s’accumule.
  • Même l’eau, pourtant vitale, peut être mortelle lorsqu’elle est consommée en excès. On appelle cela l’hyponatrémie.

Certaines molécules peuvent aussi devenir toxiques en fonction de leur environnement. C’est le cas des furocoumarines qui activent leur caractère toxique lorsqu’elles sont exposées aux UVA. Pour autant, ces furocoumarines, antioxydantes et anti-inflammatoires, présentent des propriétés métaboliques très intéressantes, et leur toxicité est même exploitée pour guérir certaines maladies de peau.

C’est donc bien la dose qui fait le poison, mais dans la mesure où l’on parle d’aliments du quotidien, c’est surtout la méconnaissance qui fait le danger. Peu de gens savent finalement que les pommes de terre vertes contiennent de la solanine, puissamment neurotoxique, que la rhubarbe crue contient de l’acide oxalique, et que les légumineuses renferment de la lectine, ce qui impose de ne pas les manger crues sous peine de ressentir une ribambelle de troubles désagréables clairement assimilés à une intoxication.


Les molécules toxiques du figuier

Le figuier présente 2 types de molécules pouvant être considérées comme toxiques. Il est important d’en être conscient, de les connaitre et de comprendre pourquoi elles sont dangereuses.

seve de figuier phototoxique
La sève de figuier est phototoxique

La ficine

La ficine est une enzyme dite « protéolytique ». Elle agit sur les protéines en les dégradant. En cas de contact avec la peau, elle irrite et peut causer des cloques semblables à des brûlures chimiques.


Le latex, communément appelé « sève de figuier », est très riche en ficine. Il est donc tout à fait contre-indiqué d’appliquer la laitance qui coule des feuilles et des rameaux lorsqu’on les coupe sur la peau.

Les jeunes fruits sont également très riches en ficine. C’est elle qui est à l’origine des picotements que l’on ressent dans la bouche lorsqu’on grignote une figue immature, et il est donc déconseillé de les consommer.

La ficine présente néanmoins différentes utilisations intéressantes :

  • elle permet de soigner les verrues et les cors, justement en utilisant ce principe de digestion des protéines.
  • elle permet de faire cailler le lait. Elle agit donc comme une présure qui permet de faire du fromage. Cette technique ancestrale est d’ailleurs encore utilisée en Grèce et en Turquie.

Si tu veux en savoir plus sur les utilisations de la ficine et notamment comment faire du fromage avec la sève du figuier, n’hésite pas à consulter notre livre digital  Tout, tout, tout (ou presque) sur les feuilles de figuier .

Les furocoumarines

Les furocoumarines sont des molécules naturelles dérivées des coumarines, considérées comme phototoxiques. Elles sont capables de se lier à l’ADN des cellules de la peau et, sous l’effet de la lumière ultraviolette, provoquent des dermatites allant du simple coup de soleil à des cloques et des brûlures du 2ᵉ degré.

Ces composés sont présents dans de nombreux aliments du quotidien. On les retrouve particulièrement dans les plantes de la famille des Apiacées comme le panais, le céleri ou encore l’angélique, mais aussi dans la plupart des agrumes et notamment dans le pamplemousse.

Les furocoumarines peuvent interagir avec les cellules de notre peau soit à la suite d’un contact direct, soit après ingestion. Cependant, c’est lors d’une exposition au soleil qu’elles deviennent réellement toxiques.

Le figuier, lui aussi, synthétise des furocoumarines (notamment le psoralène et le bergaptène) qu’il utilise comme un bouclier chimique contre les nuisibles. Son latex en est particulièrement concentré : c’est donc une raison supplémentaire de ne jamais appliquer de sève de figuier sur la peau.

seve de figuier continent des furocoumarines et de la ficine
La sève de figuier continent des furocoumarines et de la ficine

Les pétioles et les nervures des feuilles constituent des canaux stratégiques pour la plante. Riches en sève, fraîche ou coagulée, il est donc préférable de ne pas les ingérer directement.

Enfin, le dessous des nervures des feuilles est recouvert de glandes qui synthétisent elles aussi des furocoumarines. C’est pour cette raison qu’un simple contact avec les feuilles, suivi d’une exposition au soleil, peut engendrer des brûlures. De nombreux cas de brûlures sévères sont d’ailleurs rapportés chaque été.


Peut-on manger des feuilles de figuier ?

Les feuilles de figuier sont comestibles, avec une utilisation culinaire raisonnable et bien maîtrisée.

Les feuilles de figuier sont coriaces et rigides. Elles ne se consomment pas comme des légumes. En cuisine, elles sont plutôt considérées comme un élément aromatisant : sous forme de feuilles infusées, de poudre ou de paillettes.

Une consommation raisonnable de feuilles de figuier ne présente pas de risque pour la santé, mais il faut néanmoins être vigilant, car les études ont montré que les feuilles de figuier peuvent présenter des concentrations en furocoumarines plus ou moins élevées :

  • certains cultivars n’en contiennent presque pas, comme la Grise de Tarascon,
  • d’autres en sont particulièrement riches, comme la Noire de Caromb et la Dalmatie.

Si tu n’es pas en mesure d’identifier le cultivar que tu t’apprêtes à déguster, je te conseille :

  • de récolter de préférence des feuilles matures, car les jeunes feuilles ont tendance à être plus concentrées ;
  • de laver tes feuilles avant de les utiliser ;
  • de consommer avec modération et d’éviter le surdosage ;
  • de ne pas ingérer les pétioles ni les nervures principales ;
  • d’éviter d’associer les feuilles de figuier à des ingrédients déjà riches en furocoumarines (céleri, panais, pamplemousse, angélique…) ;
  • et de ne pas t’exposer au soleil (en règle générale, et surtout) si tu as consommé une quantité importante de feuilles de figuier.
feuilles de figuier séchées

Côté dosage

Pour aromatiser mes plats, je compte en général :

  • 1 à 2 feuilles fraîches par personne ou par portion,
  • ½ à 1 cuillère à café de paillettes (débarrassées de leurs nervures) par personne ou par portion,
  • ¼ à ½ cuillère à café de poudre (débarrassée de ses nervures) par personne ou par portion.

Note que les furocoumarines sont rapidement assimilées par l’organisme. La photosensibilité est maximale une heure après ingestion et elles sont éliminées en quatre à six heures environ.

Si tu souhaites en savoir plus sur les différentes utilisations des feuilles de figuier en cuisine ou si tu veux des idées de recettes, n’hésite pas à découvrir notre livre digital Tout, tout, tout (ou presque) sur les feuilles de figuier . On y décrit leurs facettes aromatiques et comment les utiliser et les associer au mieux !

Tu peux aussi jeter un oeil sur cet article dédié !

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Dahl de lentilles aux feuilles de figuier et sans curry !

Utiliser des feuilles de figuier pour un usage thérapeutique

Dans le cas d’un usage thérapeutique des feuilles de figuier (et donc d’une consommation plus élevée), ou pour des usages cosmétiques, je te recommande :

  • d’opter pour des variétés ne présentant pas ou peu de furocoumarines ;
  • de rincer abondamment les soins externes ;
  • et de ne pas t’exposer au soleil pendant et après les soins.

Ces différents points sont largement développés dans notre livre digital  Tout, tout, tout (ou presque) sur les feuilles de figuier . N’hésite pas à le feuilleter si tu veux en savoir plus !

Contre-indications et vigilance

Par mesure de précaution, une consommation importante de feuilles de figuier est déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes, aux jeunes enfants, et aux personnes diabétiques ou sous traitement médical (anticoagulant, antidiabétique).


En cas de brûlure liée au figuier

Je te conseille de bien t’équiper lorsque tu récoltes des feuilles ou des figues, ou lorsque tu tailles un figuier. Des gants et des vêtements longs te protégeront efficacement de la ficine et des rayons du soleil, qui activent les furocoumarines.

Si ta peau entre en contact direct avec la sève, ou si tu as touché des feuilles de façon répétée, rince abondamment à l’eau froide et protège ta peau des UV avec des vêtements couvrants ou de la crème solaire. Les manifestations peuvent apparaître dans les 12 à 24 heures après l’exposition : surveille donc l’évolution.

Après ingestion, si tu sens que ta peau commence à chauffer, évite toute exposition au soleil, applique de la crème solaire, ne consomme pas d’autres aliments riches en furocoumarines et reste attentif à l’évolution des symptômes.

En cas de dermatite importante, n’hésite pas à consulter un professionnel de santé ou à te rendre aux urgences.

brulures à la sève de figuier
brulures à la sève de figuier

Sources

  • Le petit Larousse des plantes qui guérissent – 500 plantes et leurs remèdes | F. Couplan, G. Debuigne | 2016 | Larousse
  • Les plantes sauvages comestibles et toxiques | F. Couplan, E. Styner | 2020 | Guide Delachaux
  • Le figuier | P. Braut | 2007 | Edisud
  • Fig leaves (Ficus carica l.): source of bioactive ingredients for industrial valorization | C. S. Shiraishi | 2023 | Mdpi
  • Comprehensive review on phytochemistry, bioactivities, toxicity studies, and clinical studies on ficus carica linn. Leaves | Z. Li | 2021
  • Ficus carica L. (moraceae): an ancient source of food and health | M. Barolo | 2014
  • Traditional uses, phytochemistry and pharmacology of ficus carica | S. B. Badgujar | 2014
  • Les autres sources sont disponibles dans le livre  » Tout, tout, tout (ou presque) sur les feuilles de figuier « 

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Feuilles de figuier séchées du jardin

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